octobre 2011 archive

Qu’est-ce qu’un document authentique?

Depuis quelques semaines, je réfléchis sur cette question: qu’est-ce qu’un document authentique?  Je suis allée à la conférence de BCAMLT (British Columbia Association of Modern Language Teachers) et j’ai pu assisté à l’atelier de Wendy Carr et sa présentation des stratégies de lecture en FLE.  Carr est une ancienne enseignante de FLE (prof maintenant à UBC) qui a utilisé des stratégies de lecture dans sa salle de classe pour pouvoir développer la langue.  J’ai trouvé les stratégies de lecture qu’elle nous avait présenté à l’atelier étaient formidables et vraiment utiles.  Par exemple, chaque lecture avait des questions à l’oral qui introduisait le sujet du texte, une boîte mystère pour que les élèves puissent deviner son contenu et des comparaisons entre leurs expériences et celles des personnages dans le livre.  Carr a introduit un programme de lecture avec Pearson Canada (Échos) qui développe la langue en se servant des images, de la lecture ainsi que des activités orales et intéractives.  Je trouve que la motivation derrière ce projet est exactement dans le chemin que nous devons suivre.

Par contre, pendant toute sa présentation de ce nouveau programme, je ne pouvais pas arrêter d’y penser: elle fait tout correctement et j’apprends beaucoup, mais il manque encore le document authentique!  L’exemple qu’elle nous avait montré était basé sur Vancouver,  une ville qui n’est pas considérée francophone.  Elle disait qu’en utilisant ce programme, les élèves utiliseront des documents authentiques.  Il est peut-être mieux de dire que les expériences qu’ils créent en classe sont authentiques puisque la langue anglaise ne rentre pas dans la salle de classe, ni dans les travaux mais que ce n’est pas en utilisant un document authentique.  Enseigner des élèves des livres crées pour les élèves de FLE ne sont pas enseigner par des documents authentiques, et si nous allons enseigner la lecture, pourquoi pas par des vrais exemples?   Il faudra de la préparation de la part du prof, mais au  moins les élèves apprennent directement de la culture ciblée.

Je ne suis pas un expert dans ce sujet, donc je voulais vraiment poser la question aux autres profs…qu’est-ce qu’un document authentique?  Mon dernier blog a expliqué comment je les utilise en classe de FLE et je crois que c’est important pour qu’un élève puisse comprendre le contexte de la culture de la langue qu’il/elle apprend.  Mais peut-être je ne comprends pas ce que c’est un document authentique ou je leur mets trop d’importance?

S’il vous plaît, aidez-moi en laissant vos commentaires sur cette question!

Les docs authentiques = « non aux dicos! »

Je vais vous raconter d’une expérience qui m’a marqué le plus dans mon enseignement de FLE au niveau secondaire.  Cette expérience a changé ma façon d’enseigner cette année et a beaucoup influencé ma décision de dire « NON  aux dicos ! »

En juin l’année dernière, j’ai « ouvert ma porte » à un groupe de professeurs de mes départements (FLE et d’Immersion française) pour leur montrer mon progrès en enseignant la lecture à ma classe de FLE (FSL en anglais).   C’était la fin d’un long processus, mais cette expérience m’a permis de me rendre compte à quel point mes élèves ont progressé et sont devenus confiants en leurs habiletés linguistiques.

Au début, j’enseignais des textes crées pour les classes de FLE, avec un niveau de base pour que mes élèves puissent facilement faire des liens avec l’unité que j’enseignais.  Je remarquais que mes élèves n’accrochaient pas aux textes donc j’ai décidé de faire une expérience avec mon cours de FSL 10 (les élèves avaient 15-16 ans) pour voir si les élèves seraient capables de lire des documents authentiques pour des jeunes de leur âge.  Ma définition d’un document authentique (qui est ouvert au débat) est un document, un tableau, un livre, une chanson, une photo ou quelque chose qui illustre la culture mais qui est créé par un francophone pour des francophones.

Je vais être honnête, je ne pensais pas que j’allais réussir ce projet; mais je suis heureuse de dire que j’avais tort!  J’ai commencé avec des textes courts de Géo sur des animaux.  Les élèves ont collaboré ensemble pour trouver les mots-amis et les mots-familiers.  Ensuite ils ont répondu à trois questions simples en français et toutes les réponses se trouvaient dans le texte.  Il fallait faire des inférences et utiliser leurs connaissances de base pour pouvoir répondre aux questions.  Quand ma classe est rentrée et les élèves ont trouvé les textes sur leurs bureaux, certains rigolaient, certains paniquaient et certains l’ignoraient.  Quand je leur ai demandé de lire le texte, de remplir un tableau avec les mots-amis et mots-familiers ainsi que répondre aux questions aux tableaux, le chaos a régné !  Je leur ai dit que j’ai confiance en eux et que j’en suis sûre qu’ils pourront le faire, ils se sont moqués de moi.  Je leur ai dit, que ce texte ne valait pas de points et qu’ils pourront faire des erreurs, que c’était l’expérience qui comptait, mais ils ne me croyaient pas.  Ils n’avaient pas assez de confiance dans leur capacité de communiquer en français pour pouvoir faire un travail pareil.  Mais après vingt minutes de persuasion, ils l’ont fait.  Puisque les élèves travaillaient ensemble, le travail s’est fait vite et 78% des groupes ont répondu parfaitement aux questions.  Ceci a donné un peu plus de confiance aux élèves, mais encore pas trop…

Après trois autres courts articles tirés d’Actualités et Géo, je me sentais prête à inviter mes collègues dans ma salle de classe pour voir ce que mes élèves ont réussi à faire.  J’étais tellement fière d’eux !  Ce n’était pas seulement le fait qu’ils participaient activement pour collaborer en classe sur l’exemple, ce n’était pas seulement qu’ils ont réussi à comprendre un document authentique destiné aux français pour pouvoir expliquer l’idée principale…c’était le fait que chaque  élève de ma classe a démontré la confiance et faisait partie d’une communauté.  Ils rentraient dans cette communauté dès qu’ils passaient le seuil de la porte.  C’était une communauté dans laquelle chaque élève pouvait se tromper, pouvait discuter ensemble et pouvait célébrer leur réussites.  Je ne pouvais pas imaginer que mes élèves pouvaient comprendre un texte francophone en se servant des mots qu’ils connaissaient déjà.  Ils ont tous pris goût à la langue…non seulement car ils ont appris à avoir confiance en eux-mêmes mais surtout parce qu’ils ont appris la langue à travers la culture francophone.

Cette expérience m’a donné aussi de la confiance.  J’ai appris que mes élèves sont résilients et forts et je peux leur pousser.  Par conséquent, j’ai décidé d’enseigner de la même façon avec mes cours de FLE de base en 8e année (les élèves ont 12-13 ans).  J’ai commencé le cours en disant que les dictionnaires et Google Translate ne sont pas acceptés dans ma salle de classe.  Après trois cours consacrés à les convaincre que je n’allais pas leur donner une note au premier de lecture et qu’ils pouvaient faire des erreurs, 6 semaines plus tard ils peuvent déjà  lire et comprendre un texte du magazine français Actu.

Je ne vais pas dire que ce processus est facile.  Je ne vais pas dire que ce n’est pas frustrant pour les élèves.  Je ne vais pas dire que certains élèves auront besoin plus d’aide.  Mais je vais dire que les avantages de ce processus emportent tellement de bénéfices : un sens de communauté, une confiance en soi-même, une acquisition naturelle de la langue et une compréhension de la culture francophone.  Donc ça vaut toujours la peine !

Mon plan de leçon pour la journée des portes ouvertes

La fiche d’activité utilisée pour comprendre les articles

Exemples des articles appris en FLE 10:

« Maman j’ai raté l’avion en vente » (appel aux élèves et leurs expériences personnelles)

« Ben Laden, l’homme le plus recherché de la planète, est mort »